Le feuilleton "Sébastien et la Mary-Morgane", écrit et réalisé par Cécile Aubry, a été tourné en 1969 et diffusé à partir du 10 mars 1970 sur la première chaîne de l'ORTF. Le roman "Sébastien et la Mary-Morgane", terminé le 14 octobre 1969 et édité chez Julliard en 1969 a été écrit par Cécile Aubry d'après son scénario original "Sébastien et la Mary-Morgane".

Programmation Sébastien et la Mary-Morgane Cécile Aubry

   Les vidéocassettes "Sébastien et la Mary-Morgane" se sont vendus à plus de 230 000 exemplaires.

   La chanson du générique "La sirène aux longs cheveux" de Daniel White, François Rauber et Cécile Aubry est interprètée par Harry Trowbridge qui a fait parti du groupe "Les Poppys" dans les années 1970.

Paroles de la chanson "La sirène aux longs cheveux":

Ils s'en vont pour très longtemps.

Dans la brume ou dans le vent.

Comme les nuages, s'en vont en voyage.

Les marins quittent le port.

 

Ils auront le souvenir,

D'une larme ou d'un sourire.

Et dans leurs bagages,

Peut-être une image.

Mais ils partent sans remords.

 

Je crois que les marins s'en vont

Pour écouter la chanson

De la sirène aux longs cheveux.

Et je crois qu'elle a chanté pour eux.

 

Ils ont gardé leurs secrets,

Encore jamais devinés.

Ont tiré la mer et tous son mystère.

Autour d'eux comme un reflet.

 

Pourtant si j'étais marin.

Peut-être qu'un beau matin.

D'un coup de chalut,

Comme on n'en fait plus.

Je pêcherais la sirène,

La sirène aux longs cheveux.

Distribution:

- Mehdi El Glaoui : Sébastien Maréchal

- Charles Vanel : Louis Maréchal

- Jacqueline Danno : Clarisse

- Jacques Godin : Jonathan

- Henri-Jacques Huet : Dr Grégoire Savel

- Paul Barge : Gwen Théphanie

- Yutta d'Arcy : Sophie-Virginie Walter dite « Siza »

- Carl Schell : Carl Walter

- Richard Guimond-Darbois : Bernard Lemoigne

- Bernard Lajarrige : Eugène

- Frédérique Méninger : Angèle

- Yves Elliot : Antoine

Distribution acteurs Sébastien et la Mary-Morgane Cécile Aubry

Histoire:

   On se souvient que Sébastien est né en haute montagne. Sa mère est morte en le mettant au monde et c’est un vieux berger qui l’a élevé, César. On se souvient aussi de son amitié pour Belle, cette grande chienne blanche qu’il ne quittait jamais. Et puis quand Sébastien a eu neuf ans, il a rencontré son père, un père qu’il n’avait jamais connu, Pierre Maréchal, entraîneur de chevaux de course. Tout va bien maintenant. Le mariage de Pierre et de Sylvia est très heureux. Tout va tellement bien que Sébastien n’a pas apprécié du tout cette invitation d’un grand-oncle inconnu, un certain Louis Maréchal, un armateur. Invitation qui l’oblige à quitter les Jonquières en pleines vacances.

   Sébastien s’habitue plutôt mal à l’atmosphère de Morsan. Tout y est tellement triste. Dans ce vieux manoir, on vit sur le souvenir de Claire et de Gilles, la femme et le fils du capitaine. Ils sont morts il y a vingt-cinq ans et pourtant Clarisse prétend que Gilles revient parfois dans le grenier. Et elle a l’air d’y croire. Jonathan est le seul qui aie les pieds sur terre et Sébastien en profite pour lui poser des questions.

   Jonathan dit que Claire et Gilles Maréchal ont été arrêté par des miliciens le 23 janvier 1944. On ne les a jamais revu. Gilles avait seize ans. Et puis, il y a cette grande croix plantée sur la falaise, là où un certain Joseph Théphanie est tombé et s’est tué. C’était un marin, Jonathan n’en dit pas plus. Et il y a encore ce vieux bateau ancré dans la baie de Morsan, la Mary-Morgane, le bateau du malheur comme dit Jonathan. Tout s’embrouille dans la tête de Sébastien. Alors il préfère oublier tout ça et il galope pour se changer les idées.

   Sébastien a rencontré Sophie-Virginie, Siza dans l’intimité. Elle est à la fois la fille et la secrétaire de Carl Walter qui est lui-même l’associé du capitaine Maréchal à l’armement. Siza est venue à Morsan annoncer qu’un grand chalutier de pêche morutière, le Narval, est pris par le mauvais temps au large du Groenland. Elle voudrait obtenir de Louis Maréchal qu’il oblige le capitaine de ce bateau à se mettre à l’abri à Saint-Jean de Terre-Neuve. Louis Maréchal refuse.

 

   Quelques heures plus tard, Sébastien va en ville avec Jonathan et c’est au café qu’ils apprennent l’accident survenu au capitaine du Narval. Ce doit être grave parce que c’est le second qui prend le commandement, Gwen Théphanie. Gwen Théphanie, le fils de ce marin qui s’est tué en tombant du haut de la falaise, il y presque vingt-cinq ans. Et Sébastien, à voir l’expression de Jonathan, devine que sous le nom des Théphanie se cache un mystère de plus.

 

 

   Pendant la guerre, le capitaine Louis Maréchal commandait un réseau de résistance. Il organisait des passages en Angleterre et ces passages se faisaient à bord de la Mary-Morgane dont le patron était Joseph Théphanie. Le 23 janvier 1944, Louis Maréchal est en Angleterre, la Mary-Morgane revient de l’un de ses voyages et Joseph Théphanie est interrogé par la milice. Le même jour, un peu plus tard, Claire et Gilles Maréchal sont arrêtés à Morsan. À la libération, Joseph Théphanie est jugé pour trahison et acquitté. Pourtant, un an plus tard, on le trouve mort en bas de la falaise. Accident, meurtre ou suicide ? On ne sait pas.

   Tout ça, Sébastien l’a appris par Jonathan. Jonathan qui parle de Gilles et de Clarisse quand ils avaient seize et quinze ans. Il leur arrivait de passer de longs moments dans le grenier de Morsan.

   Sébastien s’attache à son grand-oncle. Louis Maréchal et Sébastien ont l’un pour l’autre une affection pudique qui s’exprime rarement. Et quand éclate la nouvelle du feu à bord du Narval, Sébastien est là, près de son oncle. Et Louis Maréchal s’aperçoit que cette inutile petite présence a pris beaucoup d’importance pour lui.

 

   L’amitié de Bernard Lemoigne et de Sébastien a commencé par une affreuse bagarre car Bernard couvrait les murs du port de l’inscription « Maréchal = Assassin ». Chose qui déplaisait fortement à Sébastien de sorte qu’il a cogné dur. Mais Bernard avait ses raisons, il est le fils de Julien Lemoigne, capitaine à bord du Narval. Pour lui, l’accident de son père, les avaries à bord, le feu, tout ça c’est la faute de Maréchal. À cause de cette vieille haine qu’il a contre les Théphanie. Car enfin, il n’y avait que Gwen Théphanie pour sauver le Narval et ça, Maréchal n’en voulait pas. Il a fallut que Gwen désobéisse aux ordres et maintenant, tous au commandement, avaries réparées, le Narval fait route vers la France. Alors tout va bien sauf pour ceux qui ne peuvent pas oublier le passé.

   Comme dit Sébastien, le capitaine a des araignées dans le crâne. La vérité c’est que comme Clarisse, il vit dans le souvenir du passé. La mort de sa femme et de son fils est pour lui encore toute proche et aussi la trahison de Joseph Théphanie. Trahison non prouvée peut-être mais Louis Maréchal n’a jamais eu de doute et le seul nom des Théphanie lui fait horreur. Que ce soit Joseph ou Gwen, pour lui c’est la même chose. Alors au port, on se demande s’il sera là aujourd’hui pour accueillir le Narval puisque c’est Gwen Théphanie qui commande à bord.

   Le Narval est revenu au port et on lui a fait un bel accueil. À Gwen Théphanie aussi, on a fait un bel accueil et aux hommes, aux volontaires qui étaient restés à bord avec lui. Ceux-là, Louis Maréchal les a remerciés mais il est passé devant Gwen Théphanie sans lui tendre la main et puis il est revenu à Morsan, seul, à pied. Sébastien aussi est revenu, un peu plus tard. Il apportait avec lui très peu de chose, sa présence, un cadeau comme un autre que Louis Maréchal a accepté d’homme à homme.

   Depuis le retour du Narval, le capitaine Louis Maréchal ne va plus à l’armement, il ne répond même pas au téléphone. Il a besoin d’être seul.

   Il est parti à bord de la Mary-Morgane sans vouloir emmener ni Sébastien, ni Jonathan. Et Sébastien s’ennuie. Heureusement Siza est venu à Morsan reconduire la voiture que le capitaine avait laissé près de l’armement. Et Sébastien en profite pour reconduire la jeune fille jusqu’au port.

 

   Tout d’un coup alors que Sébastien s’attachait profondément à son grand-oncle, il est obligé de le juger. Car en ville on a parlé à Sébastien. Il a reçu les confidences de Siza, de Bernard Lemoigne et d’un vieux matelot. Il sait que la Mary-Morgane appartenait autrefois aux Théphanie et que Louis Maréchal l’a acheté sans autre raison semble-t-il que d’enlever à Joseph Théphanie et à sa famille, leur seule raison de vivre. Il sait aussi que Marie Théphanie est morte misérable quelques années après son mari et que Gwen est resté seul au monde alors qu’il était encore enfant. Louis Maréchal ne lui est jamais venu en aide.

   Pourquoi faire tant de mal ? À douze ans, on est intransigeant et on a un sens de la justice encore tout neuf. Voilà pourquoi Sébastien revient à Morsan bouleversé par ce qu’il vient d’entendre. Et c’est tout juste s’il n’a pas honte de s’appeler Maréchal, comme son grand-oncle.

 

   Sébastien a décidé de repartir chez lui, aux Jonquières. C’est une façon cruelle d’annoncer son jugement sur son oncle et Louis Maréchal comprend qu’il vient de perdre cette affection toute neuve qui l’aidait à vivre. C’est très grave surtout dans le désarroi où se trouve ce vieil homme en proie à une crise de conscience depuis le retour du Narval. Poussé par un vague remord, Sébastien entre dans la chambre de son grand-oncle, au milieu de la nuit. C’est ainsi qu’il découvre à quel point le capitaine est malade. Mais Jonathan est parti à la fête chez Angèle et Clarisse semble incompréhensible. Alors Sébastien est obligé de partir tout seul, au milieu de la nuit, sous la pluie pour chercher le docteur qui annonce au capitaine que s’il se soignait et s’il ne faisait pas d’imprudence, son cœur pourrait vivre très longtemps encore. Ce que Louis Maréchal ne veut pas.

 

   Le capitaine Louis Maréchal a d’abord mis ses affaires en ordre puis il est parti en mer avant le levé du jour. Et maintenant, Sébastien le poursuit parce qu’il a peur. Il a peur que son oncle ne revienne jamais. Il avait encore tant de choses à lui dire.

Sébastien tombe en panne mais heureusement le capitaine l’entend et fait demi-tour. Il s’assure que Sébastien est capable de revenir à terre puis meurt à ses côtés.

 

   Quelques jours plus tard, Sébastien organise une fête à Morsan que son oncle avait promis de faire. Tout le monde est invité et même Gwen malgré les réticences de Clarisse. Après de nombreux efforts de la part de Sébastien, Gwen accepte les cadeaux de lui-même et du capitaine : son ancienne maison, la Mary-Morgane et le Narval. Une semaine plus tard, le capitaine Gwen Théphanie et Sébastien embarquent pour le Groenland.

 

 

(D'après les résumés de Cécile Aubry)

Explications de Cécile Aubry:

Sébastien et la Mary-Morgane Cécile Aubry

Article de presse du 10 mars 1970 :

Dans son nouveau feuilleton Mehdi nous revient en marin breton

   Tour à tour montagnard et cavalier dans les précédents épisodes de la série des « Sébastien » — écrits et réalisés par sa mère, Cécile Aubry — Mehdi nous revient ce soir en marin breton. Il est, dans Sébastien et la « Mary-Morgane », le neveu d'un vieil armateur (Charles Vanel) au cœur aussi rude que le visage. Et c'est dans les Côtes-duNord, aux environs de Saint-Quay-Portrieux, que l'essentiel de ce feuilleton a été tourné, l'été dernier. Cette fois, Mehdi a changé. Il a douze ans. Il a grandi. Il a toujours ses yeux en amandes, mais ce n'est plus un enfant. C'est un garçon solide, casse-cou, bagarreur qui, entre deux prises de vues, sautait sur sa bicyclette pour exécuter des acrobaties à vous donner le vertige, en compagnie de Yannick, sa doublure « lumière », un Breton de treize ans et demi qui était vite devenu son inséparable copain. Très sportif, Mehdi se battait pour rire avec Yannick, roulait par terre, se relevait, le plaquait aux jambes, l'envoyait au tapis, turbulent, rieur... De temps en temps, il l'entraînait dans un coin de jardin et tous deux entamaient une longue partie de crapette pour souffler. Dès qu'ils en avaient le temps, ils organisaient des parties de boules avec les acteurs et les techniciens du film. Sérieux comme un pape, Mehdi « pointait », comptait les points, interrompu seulement par les appels de sa mère qui lui demandait de venir jouer sa scène.

 

Jardin sur la mer

   « Oui, Mme Aubry, hurlait-il, j'arrive... Vingt-cinq mille francs la minute ! » Il retrouvait son sérieux pour devenir Sébastien. La façade du manoir qui sert de décor au feuilleton était tiède du soleil d'août, la cour, ombragée de grands arbres. Le jardin, éclatant de fleurs, s'ouvrait sur la mer. Mais, dans ce décor de vacances Mehdi n'était pas en congé il était de toutes les prises de vues et, chaquesoir, après le tournage devait réviser son texte du lendemain. Les rapports de Mehdi avec les autres acteurs ( Charles Vanel, Jacqueline Danno, Jacques Godin, Henri-Jacques Huet, etc.) ont été excellents. Mehdi les considérait comme des gens de son âge et n'hésitait pas à leur faire mille facéties. Charles Vanel ( soixante-douze ans), son principal partenaire, n'y échappait pas plus que les autres. Dans le travail, Mehdi retrouvait tout son sérieux de véritable « professionnel ». Son importance dans le monde du spectacle, sa jeune célébrité ne l'impressionnent pas. Il est resté gentil et simple avec tout le monde. Il était étonné, cet été, d'entendre ses jeunes admirateurs scander son nom à la porte du manoir.

 

Corvée d'autographes

   Quand des colonies de vacances entières attendaient, pour l'entrevoir un instant, il était prêt à se réfugier au fond du plus haut grenier pour éviter la corvée d'autographes. Il a manifesté, tout l'été, un goût certain pour le déguisement, la mystification. Un vieux caban lui suffisait à se rendre méconnaissable. Mais, le cœur sur la main, il partageait sa limonade et ses biscuits aux raisins secs avec les copains, choyait les bêtes, et particulièrement sa nouvelle chienne, « Roxane », superbe épagneul qui a tourné dans le film et a remplacé « Belle », morte l'an passé. L'intrigue du nouveau « Sébastien » lui semblait parfois obscure et il avait du mal à comprendre la signification profonde de certaines scènes, notamment avec Clarisse (Jacqueline Danno), vieille fille encore jeune qui croit aux fantômes. Après deux mois et demi laborieux passés entre le manoir et la « Mary-Morgane », le chalutier de son « oncle » Vanel, sur lequel se déroulent plusieurs scènes, Mehdi est parti, tourner les dernières scènes à Fécamp, au milieu des terre-neuvas.

 

C'est toujours de ma faute

   Après le tournage, il a regagné le collège où il est pensionnaire, contraint de mettre les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu. Car il est entré en classe en retard après cet été où il n'était libre de s'amuser comme les autres garçons de son âge que le dimanche. Chaque weekend, il retrouve sa mère, sa grand-mère et « Roxane », au « Moulin Bleu », la propriété de Saint-Cyr-sur-Dourdan où vit Cécile Aubry. Sa mère, il l'adore, même si, parfois, il se met en colère ou a les larmes aux yeux parce qu'elle l'a réprimandé pour une réplique fausse ou un manque d'attention. « C'est toujours de ma faute, c'est toujours moi qui me fais... disputer ! » crie-t-il furieux. Une minute après, il a retrouvé son calme et son courage. Car Mehdi, s'il est impulsif, n'est jamais méchant. Les filles commencent à le faire rêver et il savait, l'été dernier, apprécier la grâce des jolies estivantes ou des voisines de sa villa. Plus tard, Mehdi ne sait pas exactement ce qu'il veut faire. En tout cas, il ne sera certainement pas acteur. Plutôt metteur en scène. peut-être... « Avec maman comme actrice, pour me venger », dit-il dans un grand éclat de rire.