Le feuilleton "Sébastien parmi les hommes", écrit et réalisé par Cécile Aubry, a été tourné de mars à fin juin 1967 et diffusé à partir du 4 février 1968 sur la première chaîne de l'ORTF. Le roman "Sébastien parmi les hommes", terminé au Noël 1967 et édité chez Julliard en 1968 a été écrit par Cécile Aubry d'après son scénario original "Sébastien parmi les hommes".

Programmation Sébastien parmi les hommes Cécile Aubry

(Page des programmes TV de la 1ère chaine du dimanche 4 février 1968 tirée du journal télé "Télé 7 jours" n°411)

   Les vidéocassettes de "Sébastien parmi les hommes" se sont vendues à plus de 300 000 exemplaires.

   La chanson du générique "L'oiseau" de Daniel White, Eric Demarsan et Cécile Aubry est interprètée par Bruno Polius, âgé de huit ans, qui est devenu le leader du groupe "Les Poppys" dans les années 1970. Le disque a été vendu à plus de un million et six-cents-mille exemplaires. Pour la promotion du disque, la production a décidé de faire croire que la chanson était interprétée par Mehdi. (Source: site officiel de Bruno Polius)

Cécile Aubry parle de "Sébastien parmi les hommes":

   "On me demanda d'écrire une suite à "Belle et Sébastien". Je tentai ma chance, j'offris d'autres histoires, d'autres scenarii. Mais on voulait une suite à "Belle et Sébastien" ! Je me souviens du jour où je parlais de mes problèmes avec ma mère, devant mon fils. C'était quelque temps après l'anniversaire de ses dix ans. Je disais très franchement:

- Je ne veux pas recommencer ça. Pourquoi cette manie des suites ?... Je ne peux pourtant pas écrire une suite à "Belle et Sébastien" sans Sébastien !

   Alors j'entendis une petite voix calme, il parlait, comme cela lui arrive parfois, avec une gravité qui me fait deviner ce qu'il sera plus tard, quand il deviendra... un homme.

- T'as qu'à l'écrire, l'histoire.

   Et à voir le regard qu'il posait sur moi, conscient, je savais qu'il n'avait rien oublié mais que par cette phrase il acceptait de tout recommencer. Il réfléchit pourtant et dit encore:

- Tu pourrais pas faire une histoire qui se passe au soleil ?... Et puis si tu pouvais mettre des chevaux...

 

   J'écrivis "Sébastien parmi les hommes". Le tournage fut moins difficile: il vaut mieux avoir trop chaud que trop froid ! Et puis Mehdi était plus solide, il avait 11 ans. Quand le film est sorti, il en avait 12. Il pouvait juger l'histoire et lui-même, il ne s'en priva pas. Puis, avec cette franchise abrupte dont il a le secret, il me jeta au nez:

- Si on t'en demande un troisième, je parie que ti le feras.

- Ça dépend de toi.

- Moi, ça ne m'amuse pas, tu sais.

- Je le sais bien.

   Je recommence à me noyer dans un flot de complexes et de réticences jusqu'à ce qu'il me vienne en aide:

- C'est d'apprendre tes trucs par cœur qui m'amuse pas.

   Mes trucs ! Je regimbe un peu tout de même, je me dépêche de lui faire remarquer qu'il a peu de respect pour mes huit séries "Poly", mes douze livres, mes deux fois six heures et demis de "Sébastien" ! Cela ne le frappe pas, toute sa vie il m'a vue derrière une machine à écrire. C'est mon métier, il le sait, mais il tient à son point de vue: apprendre mes trucs, c'est du travail. Heureusement, il y a l'équipe...

- Ils avaient de ces ravioli, les machinistes !

- Et tous les jours, tu t'invitais à les leur manger.

   Il me lance un regard féroce:

- "Ils" m'invitaient, rectifie-t-il. Dis donc, c'était "mes" copains.

- Et les bonbons qu'ils te donnaient tous à la tonne...

   Il rectifie encore: "Au kilo. Faut pas exagérer."

- Et toutes ces farces que tu me faisais, bandit, ça t'ennuyait peut-être ?

- Non, ça c'était même marrant.

- Pas pour moi.

- Tu parles ! Tu riais toujours à la fin.

 

   C'est vrai. Et je me disais que tourner un film demandait à Mehdi tant d'efforts d'attention, d'imagination, tant d'exercices de mémoire, de discipline au fond, et de courage, que c'était une école comme une autre et qui le développait tout autant que ... la vraie."

 

(D'après l'article "Mon fils et moi par Cécile Aubry" de la revue "Un jour...")

Paroles de la chanson "L'oiseau":

Je connais, les brumes claires,

La neige rose des matins d'hiver.

Je pourrais te retrouver

Le lièvre blanc qu'on ne voit jamais

Mais l'oiseau, l'oiseau s'est envolé

Et moi jamais, je ne le trouverai

Car j'ai vu, l'oiseau voler,

J'ai vu l'oiseau, je sais qu'il partait

Je l'ai entendu pleurer,

Le bel oiseau que le vent chassait.

 

Je voudrais, tout te donner.

Mais toi pourquoi, ne me dis-tu rien ?

Quel est-il ton grand secret,

Un secret d'homme, je le comprend bien.

Moi tu sais, je peux te raconter

Combien l'oiseau est parti à regret.

Si un jour, tu m'écoutais,

Tu apprendrais tout ce que je sais.

L'oiseau part et puis reviens,

Tu le verras peut-être demain.

 

Si jamais, je rencontrais

Le bel oiseau, qui s'est envolé,

S'il revient de son voyage,

Tout près de toi, le long du rivage.

Moi vois-tu, je lui raconterais

Combien pour toi, je sais qu'il a compté.

C'est l'oiseau, que tu aimais,

L'oiseau jaloux, je l'ai deviné.

Si j'aimais il revenait,

Je lui dirais, que tu l'attendais.

Distribution:

- Mehdi el Glaoui : Sébastien Maréchal

- Belle : Yalov (Flanker est mort fin 1965)

- Claude Giraud : Pierre Maréchal

- Jean-Pierre Andréani : Bertrand

- Louise Marleau : Sylvia Lambert

- José Luis de Villalonga : Monsieur Lambert

- Jean Combal : Maître Biard

- Edmond Beauchamp : César Zorbignol

- Hélène Dieudonné : Célestine

- Harry-Max : Thomas

- Martine Capdevielle : Jeannette

- Jean-Philippe Loiret : Paul, le lad

- Jean-Pierre Boucan : Mario, le jockey

- Jean Jerrier : Emmanuel

- Riri Berty : Mme Bourdier

- Gérard Desarthe : Jeannot

- Claude Rossignol : le boulanger

- Jean Panisse : le gérant du bistrot

- Denise Costanzo-Ruff : la gérante du bistrot

- Géo Beuf : un policier

- Cécile Aubry : la narratrice

Distribution acteurs Sébastien parmi les hommes Cécile Aubry

Histoire:

   La naissance d’un enfant provoque en général beaucoup de joie autour de lui, dans sa famille. Encore faut-il qu’il ait une famille. Et ce n’était pas le cas de Sébastien. Sa mère mourut en le mettant au monde dans un refuge de haute montagne.

   C’était un matin de janvier, il avait neigé toute la nuit. On essaya de savoir qui était cette femme mais personne ne la connaissait et les enquêtes ne menèrent à rien. Quant au père de Sébastien, personne n’entendit jamais parler de lui. Au village, on dit qu’il est peut-être mort. Ou bien qu’il vit quelques part sans s’occuper de son fils. D’ailleurs, il ignore peut-être qu’il a un fils.

 

   Pierre Maréchal a reçu une lettre anonyme. Pourquoi en révéler le contenu à Sylvia, sa fiancée avant de savoir exactement où elle va le mener. Il se rend au courant des Loups Plis Fixes à Paris. Et là, il apprend qu’il a un fils dont il ignorait l’existence. Mais il n’est pas encore convaincu, cela se comprend, et il charge un vieil ami de sa famille, Maître Biard, d’interroger le vieillard qui a recueilli l’enfant à sa naissance. Très vite, Maître Biard est obligé de se rendre à l’évidence : Sébastien est bien le fils de Pierre Maréchal. Quant à l’enfant, il accueille cette nouvelle avec plus d’inquiétude que de joie.

 

   Le jour de son arrivée aux Jonquières accompagné du vieux César et de Belle, Sébastien a découvert à la fois son père, la nouvelle maison où il devra vivre et les pur-sang. Il n’a de sympathie ni pour les uns, ni pour les autres. Et ça, pour l’unique raison que sa grande chienne Belle ayant effrayé les chevaux, Pierre Maréchal a donné l’ordre à son fils de la tenir en laisse. Voilà qui choque l’idée de liberté bien encrée au cœur de Sébastien. Lorsque Bertrand, le cousin de Sylvia vient aux Jonquières le soir de ce jour. Il apprend de la bouche même de l’enfant, et avec quel étonnement, que Pierre Maréchal est son père. Or Pierre et Bertrand se connaissent depuis l’enfance mais ils ne s’aiment pas, il y a toujours eu une rivalité entre eux. Bertrand se fait donc une joie d’annoncer subtilement la nouvelle à Sylvia dès son retour de voyage. Il met l’accent sur le fait que Pierre Maréchal ne pouvait ignorer l’existence de ce fils dont il n’avait jamais parlé

   Pierre Maréchal n’a pas réussit à convaincre Sylvia. Elle ne peut croire qu’il ignorait l’existence de son fils. Jalouse d’un souvenir, jalouse de la mère de Sébastien, elle somme Maréchal de choisir entre le fils de cette femme et elle. C’est l’enfant qu’il choisit

   Mais à partir de cet instant, Pierre cache son désespoir sous de perpétuelles colères, il devient odieux. Il chasse une grande partie du personnel des Jonquières. Sébastien ne comprend pas. Le vieux Thomas qui l’aime bien et la petite Jeannette s’appliquent à lui cacher la vérité. Mais un jour Alain lui lance méchamment : « Tu n’es qu’un boulet que le patron traîne dans sa vie ». En réponse, Sébastien jette une étrille au visage de ce garçon, puis il s’enfuit.

 

 

   Une lettre est venue du Canada annonçant à César le prochain mariage de son petit-fils Jean. C’est pourquoi il va trouver Pierre Maréchal et avec une sorte de gravité, il lui confit Sébastien. Puis il s’en va. Mais pour Sébastien, ce départ est un abandon. Thomas est le seul aux Jonquières qui puisse comprendre sa souffrance, sa solitude. Il sait bien le vieux Thomas, que si Sylvia revenait, Maréchal retrouverait cette joie de vivre qu’il a si totalement perdue. Il s’occuperait de son fils peut-être.

   Alors Thomas va trouver Sylvia, il essaie de la convaincre mais il ne réussit pas. Quand il rentre aux Jonquières il fait nuit. Il va jusqu’à la porte de Sébastien. Derrière cette porte, l’enfant écrit à Célestine : Viens vite, viens vite, viens vite.

 

 

   L’arrivée de Célestine dans la cuisine des Jonquières a remis un peu d’ordre dans cette maison où rien n’allait plus. Elle a une façon rude et charmante de remonter le moral de chacun et de diriger avec autorité les événements dans ce qu’elle appelle « le bon sens ». Mais elle ne peut empêcher Sébastien d’entendre un jour son père dire à Thomas : « Celui-là, il est vraiment de trop, il aurait mieux fait de ne pas naître ». Bien sûr il s’agit de lui et Sébastien s’enfuit vers la mer. Pierre Maréchal découvre son fils couché au bord des vagues.

   M. Lambert voudrait que Sylvia épouse Bertrand et il ne voie qu’une solution : acculer Pierre Maréchal à la ruine, ce qui l’obligerait à quitter le pays. Car Sylvia pense encore à Pierre. Et un jour, elle rencontre Sébastien, ce petit garçon dont la franchise l’amuse. Quant à lui, il est immédiatement séduis. Et tout va bien jusqu’au moment où Sylvia apprend qu’il est le fils de Pierre Maréchal. Aux Jonquières, la situation n’est pas brillante, Lancelot vient d’être vendu et Sébastien comprend l’émotion que le départ de ce cheval provoque chez son père. Et il lui fait promettre de se remettre au travail et d’entraîner très sérieusement le dernier pur-sang qu’il lui reste, Monseigneur.

   Sylvia a revu Pierre. C’était la première fois depuis leur rupture, elle a tenté une réconciliation. Mais certaines blessures se cicatrisent mal, Pierre n’a pas voulu céder. Sylvia repart en larmes et Sébastien qui ne peut pas comprendre, cri violemment à son père : « Mais pourquoi tu la traite comme ça, elle ta rien fait Sylvia ». En réponse il reçoit une gifle. Alors pour qu’il oublie un peu ce qu’elle avait d’injuste, le vieux Thomas essaie de lui raconter tout ce que son arrivée à provoquer dans la vie de son père : les fiançailles rompues, le mariage impossible.

   Sébastien le comprend à sa manière, il décide de partir pour ne plus gêner personne. Mais il ne réussit qu’à aboutir dans un commissariat de police et c’est là que son père le retrouve. Maréchal sait maintenant combien il s’est attaché à cet enfant qu’il n’avait d’abord recueilli que par devoir.

 

   Sylvia et Sébastien s’entendent de mieux en mieux. Ils ont d’étranges rendez-vous sur la plage, dans la forêt durant lesquels Sylvia apprend à monter à Sébastien tout en se renseignant sur les dernières nouvelles des Jonquières. Or aux Jonquières, on ne parle que de la course que doit gagner Monseigneur. Maréchal met tous ses espoirs dans la victoire de son dernier pur-sang, victoire qui peut le sauver de la ruine. Et ça, Bertrand ne l’ignore pas et ne le veut pas. Avec l’aide d’un ancien lad de Maréchal, Raymond, il réussit à faire administrer un calmant à Monseigneur le jour même de la course. Monseigneur est battu, Pierre Maréchal définitivement ruiné. Mais Raymond n’est pas satisfait.

   On a trouvé une bonne dose de gardélane dans la salive de Monseigneur. Pierre Maréchal a maintenant la preuve que si son cheval a était battu le jour du Prix du Marré, c’est qu’il avait été drogué. Sébastien avoue qu’il soupçonne Bertrand. Pierre Maréchal croie à la complicité de Sylvia et aux Jonquières, la rancune contre la famille Lambert ne fait qu’augmenter. Matériellement, Pierre Maréchal n’a plus aucunes ressources : il a vendu ses meubles, sa maison est hypothéquée, le dernier cheval qu’il possède est boiteux et il a perdu l’espoir de le faire courir avant longtemps. Mais Sébastien n’est pas de cet avis. Il soigne Monseigneur nuits et jours avec acharnement persuadé de le voir redevenir ce qu’il était auparavant, un cheval de toute beauté, un crac.

 

   Il y a une tradition qu’on tient beaucoup à respecter dans ce très joli petit bourg qu’on appelle le Val près de Villeneuve, c’est le galop d’essai du 14 juillet. Chaque année ce jour là, Messieurs Lambert et Maréchal ont l’habitude de présenter leurs meilleurs chevaux dans un galop qui a lieu sur la piste d’entraînement de l’hippodrome. Cette course n’a rien d’officiel mais elle est devenue une tradition qui fait parti de la fête et qui passionne les habitants du bourg tout autant que le bal ou le feu d’artifice. De plus Pierre Maréchal est né un 14 juillet, ça tient son importance. Cette année, qu’allait-il faire ? Oserait-il venir à la fête alors qu’il n’avait qu’un cheval boiteux à présenter ? C’est du moins ce que croyaient les mauvaises langues du pays. Qui aurait pu deviner que Sébastien réussirait à guérir Monseigneur, à l’entraîner, à le monter et finalement à gagner la course du 14 juillet. Et tout ça pour quoi ? Pour offrir un cadeau d’anniversaire digne de lui au patron.

   Bien sûr Sylvia était au bal du 14 juillet. Elle a rencontré Pierre, ils ont même dansé ensemble sous l’œil jaloux de Bertrand et heureux de Sébastien. Il sait que Pierre et Sylvia doivent se revoir le lendemain près de l’arbre aux fées comme autrefois et que tout s’arrangera entre eux. Oui mais c’est M. Lambert qui vient au rendez-vous et il emploie le seul argument capable d’obliger Pierre Maréchal à renoncer à sa fille : l’argent, la fortune de Sylvia. Cette fortune si considérable comparée à celle de Pierre qui est nulle.

Lors ce que Sylvia retrouve Pierre, elle ne comprend rien à son revirement. Elle ignore la conversation qu’il a eu avec son père. Et le temps passe. De nouveau, elle croie à l’indifférence de Maréchal et de guerre lasse, elle accepte de laisser annoncer ses fiançailles avec Bertrand.

   À Fontenelle on fête les fiançailles de Sylvia et de Bertrand et ça, Raymond ne peut pas le supporter. Il reporte sur son complice, sur Bertrand, la haine qui l’avait poussé à droguer le cheval de Pierre Maréchal. Il boit pour noyer ses remords, et quand il a bu, il a le courage de parler. Alors le jour des fiançailles à moitié ivre, il va trouver Sylvia et lui avoue la vérité. Elle quitte tout, Fontenelle, la réception, les invités et elle galope jusqu’aux Jonquières.

   Bertrand la rejoint en pleine forêt, il essaie de la retenir. Elle le cravache de toutes ses forces et elle poursuit son chemin. Tandis qu’elle essaie de reconquérir Maréchal envers et contre tout, Bertrand les rejoint. Une bagarre oppose les deux hommes. Maréchal a plus de forces mais Bertrand ne s’avoue pas vaincu. La nuit venue, il entre dans le garage, il se glisse sous la voiture de Maréchal. Une sorte de folie criminelle s’empare de son esprit et c’est à ce moment là que Sébastien le surprend. Bertrand essaie de forcer Sébastien à se taire mais il persiste. Alors Bertrand le poursuit mais heureusement, Thomas arrive à tant et Bertrand s’enfuit.

   Poursuivit par la police pour excès de vitesse et voiture volée, il culbute un camion et tombe dans un ravin où la voiture explose.

 

   César rentre du Canada et retrouve Célestine, Thomas et Jeannette au café pour voir à la télévision la victoire de Monseigneur à Longchamp.

   César arrive à convaincre M. Lambert de donner son consentement à l’union de Sylvia et Pierre. Sébastien est enfin heureux avec son père, Sylvia, Belle et Monseigneur.

 

 

(D'après les résumés de Cécile Aubry)

Explications de Cécile Aubry:

Sébastien parmi les hommes Cécile Aubry